Monsieur Benks, pourquoi ce nom ?
Certaines personnes changent de nom pour trouver un emploi, moi je l’ai fait pour entreprendre.
Je te raconte tout ici.
LA PAUVRETÉ COMME TOILE DE FOND
Tout a commencé à l’âge de 10 ans avec ma mère, qui me forçait à regarder "Capital" sur M6, pour m’exposer au succès d'entrepreneurs.
C'est là que j'ai découvert mes premiers modèles : Mohammed Dia et Christian Audigier.
Parti de rien, ces deux Français issus de familles modestes, ont fait de leur nom des marques de référence dans la mode, avec des fortunes estimées à plusieurs millions de dollars.
J'étais captivé par leurs récits, remplis de strass et de paillettes, car je voyais en eux, l'espoir de m'émanciper socialement un jour.
Être pauvre n'était pas fait pour moi (et pour personne par ailleurs), c'est à cet instant que j'ai recherché une échappatoire.
APPRENDRE LA CULTURE DES RICHES
Le plus grand cadeau de ma mère fut de m'offrir une scolarité dans une école privée du centre-ville de Lyon.
Chaque matin, j'étais confronté à des camarades bien plus aisés que moi et, quand tu es conscient d'être le plus pauvre de la pièce, tu te fais tout petit. C'est une question de survie sociale.
A défaut d'avoir les poches pleines, j'ai compris que je pouvais me créer une richesse culturelle grâce à la tv, les livres, les magazines et internet.
C'est comme ça que je me suis mis à apprendre la culture des riches.
Durant mon adolescence, je regardais de manière obsessionnelle Fashion TV et Luxe TV, à lire des revues lifestyle comme GQ ou l'Official, et je me forçais à comprendre les sujets business écrits dans Challenges.
Au fur à mesure des années, j'ai acquis une finesse culturelle suffisante pour appartenir à cet environnement élitiste.
Ceci dit, j'étais loin d'imaginer que cela allait provoquer ma première opportunité business à l'aube de mes 16 ans.
LA JEUNESSE DORÉE COMME CLIENTÈLE
Le jeune bourgeois de 16 ans boit des verres en terrasse et sort en boîte, enfin… seulement s'il ne se fait pas recaler par le phyisio à cause de sa tête de mino…
Me concernant, je faisais partie de ces chanceux à qui on ne posait pas de questions à l'entrée et qui étaient enviés par un tas de jeunes au pouvoir d'achat important qui ne pouvaient pas entrer en soirée.
Il y avait là une opportunité de faire quelque chose avec ces laissés-pour-compte.
C’est ce qu’avaient bien compris deux Parisiens, Rony Msika et James Karuttykaran, qui répondaient à ce problème.
Ils avaient lancé une entreprise nommée Hedony. Le concept était simple : organiser des soirées en boîte de nuit sans alcool pour les mineurs, de 19 heures à 23 heures dans les grandes agglomérations françaises.
6 mois après avoir participé à l'une de leurs soirées, je me suis rapidement rapproché d'eux pour prendre en charge la gestion de la ville de Lyon.
C’est ainsi que je suis devenu producteur d’événements.
LA NAISSANCE DE MONSIEUR BENKS
J'avais un réseau d'ados bien nés, mais il me manquait quelque chose : être remarquable sur toute la ville auprès d'une clientèle jeune et fortunée.
Après avoir pris exemple sur mes modèles d'entrepreneur, j'ai décidé de me construire une marque personnelle remarquable en misant sur une caractéristique : américaniser mon nom.
Lionel est devenu Layonel.
Bankina est devenu Benks.
”Tu fais quoi ce soir ?
-Je vais à la soirée de Layonel Benks”
-Ça claque ! C’est Qui ? Ça à l’air stylé !”
Cette conversation fictive est très vite devenue la norme dans la ville.
LE DÉCOLLAGE
Mon nouveau nom était présent sur tous les supports de communication des événements que je produisais et je suis rapidement devenu connu.
Après 2 événements avec la structure qui m'a lancé, j'ai pris mon indépendance, en organisant de vraies soirées, dans les boîtes les plus connues de Lyon, où toute la jeunesse dorée se réunissait.
À l'aube de mes 17 ans, j'avais réussi à gagner 2000 € net en une nuit et tout seul.
A ce moment-là, j'étais en train de construire ma propre success story comme mes idoles.
C'était une question de temps pour devenir enfin riche.
LA DÉSILLUSION
Le monde de la nuit est une industrie toxique, où tu peux gagner de grosses sommes en une soirée et tout perdre au coup suivant. Ta réputation est ton actif principal. L'échec d'un événement peut mettre un terme brutal à ta carrière.
Je l'ai vécue, ça fait mal et c'est très difficile à gérer, tant pour l'ego que pour tes créanciers…
Un jour, j’ai constaté qu’après 1 an et demi dans cette industrie, en additionnant mes gains et mes pertes, j'étais à 0€ de bénéfice.
Ce fut la douche froide… J'étais toujours broke. La hype malheureusement, ça ne paie pas.
Cette expérience m'a fait comprendre que le succès demande du temps et que les raccourcis entraînent des problèmes insoupçonnés.
J'ai donc quitté ce train illusoire qui devait m'emmener au sommet et je suis parti travailler 1 an chez McDo en parallèle de ma terminale, pour financer mon entrée en école de commerce.
Monsieur Benks était mort.
15 ANS PLUS TARD
La tech, la mode, la musique, l'éducation, l'immobilier…
Je ne compte plus le nombre d'industries dans lesquelles j'ai navigué, les cercles sociaux fréquentés, les expériences cumulées, les revenus générés, les entreprises montées et crashées.
Pourtant, les gens continuent de m’appeler MONSIEUR BENKS.
L'effort que j'ai consenti pour créer un nom percutant il y a plus de 15 ans semble toujours efficace.
Depuis, le personal branding est un sujet clé pour les entrepreneurs et beaucoup seraient prêts à payer cher pour être remarquables de cette manière. Alors, pourquoi s’en priver ?
SE CONSTRUIRE POUR RÉUSSIR
Derrière chaque nom se cache une histoire et un héritage culturel.
Peu importe son point de départ, nous avons la possibilité de construire sa propre identité au fil du temps, en harmonie avec nos aspirations.
C'est finalement ce que j'ai fait depuis le début, où j'ai rêvé, échoué, appris et recommencé.
Autant de choses qui font la personne que je suis aujourd'hui.
C'est ce que raconte mon nom, MONSIEUR BENKS.
Voilà, vous savez tout.
À plus, à ciao.